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294 Les Spectacles dè la Foire.
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d'amitiés. Qu'au jour de l'an dernier il a fait préfent à ladite Durand, petite-fille de la comparante et ci-préfente, de deux pièces de taffetas des Indes pour lui faire deux robes qu'elle a acceptées du confentement de ladite veuve Lelièvre, fon aïeule, qui penfoit que c'étoit par fimple et pure amitié qu'il pouvoit avoir pour leur famille parce qu'il y avoit déjà quelque tems qu'il les fréquentoit à Paris, et que d'ailleurs il étoit anciennement connu par la femme du fils de la comparante, qui eft actrice, en le rencontrant dans différentes provinces où elle alloit ci-devant avec fon père qui étoit directeur des Marionnettes nommées Fantoccini, et qui eft aujourd'hui, ainfi que fon mari, acteur et actrice chez le fleur Nicolet, fixés chez lui depuis plufieurs années. Que ledit Jallat, qui venoit fréquemment, comme dit eft, tant chez elle veuve Lelièvre que chez fon fils depuis qu-'il avoit tenu l'enfant en queftion avec ladite Durand, a eu la témérité, il y a quelques {eurs, la trouvant feule chez elle, de lui faire des propofitions déshonnêtes, lui paf-fant la main fur l'eftomac et lui difant qu'il vouloit qu'elle fût fa maîtreffe ct que quand il lui avoit donné les robes en queftion il avoit ces vues-là, lui voulant même donner un rendez-vous pour le lendemain dans un lieu retiré pour la voir, en lui ajoutant qu'elle fe gardât bien de dire à ladite veuve Lelièvre, fon aïeule, ni à perfonne les propofitions qu'il lui faifoit. Que fur le refus et fur la menace qu'elle fille Durand lui a fait de s'écrier fi il ne s'en alloit pas et de la laiffer tranquille, il s'eft effectivement retiré. Mais elle s'en étant plainte à fon aïeule et à fa famille qui ont trouvé fort à(redirc aux mau-vaifes actions et propofitions dudit Jallat, elles lui en ont marqué tout leur reffentiment et ont ceffé de le recevoir chez eux avec d'autant plus de raifon que ladite veuve Lelièvre s'eft reffouvenue qu'il vouloit attirer fa petite-fille chez lui, rue des Quatre-Vents où il demeure près la foire St-Germain, dans lequel quartier elles font toutes deux obligées d'aller demeurer pendant la ténue de ladité foire, comme étant toutes deux occupées chez ledit fleur Nicolet, qui eft obligé d'y aller jouer pendant Ia durée de ladite foire, et apparemment avec mauvais deffein de la part dudit Jallat et par là fe mettre à portée de parvenir à féduire ladite Durand avec plus d'aifance. Que ledit Jallat a plus fait ; car, quand il a vu qu'il n'avoit aucun moyen pour réuffir à féduire ladite Durand, il s'eft répandu en fottifes et injures contre ladite veuve Lelièvre et fon fils, traitant ladite veuve Lelièvre de m......... et donnant à entendre que fon fils avoit prêté la main à le tromper fur la retenue des deux robes. Que les mauvaifes intentions dudit Jallat, et les infolences et injures qu'il a débitées tant contre ladite veuve Lelièvre que contre fon fils font même avouées par ledit Jallat tant par une lettre de lui fignée adreffee à ladite veuve Lelièvre, que par une autre lettre non fignée à Padreffe de Madame Lelièvre fille, barrière du Temple, qui eft la bru de la comparante. Pourquoi elle, veuve Lelièvre, nous rend la préfente plainte.
Signé : Maillot; M. M. A. Durand.
(Archives des Comm., n" }784.)
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